De tout, de rien et parfois du linge sale lavé en public.
Confessions et tribulations d'une fille qui avait 18 ans lors du premier billet.
Un défouloir comme il n'y en a pas d'autre.

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jeudi 30 mai 2013

Se voit-on grandir ?

Ma petite sœur a douze ans. C'est elle maintenant, l'ado chamboulée par le changement, assaillie par les questions existentielles. C'est elle qui a, devant elle, une multitude de choix sur que faire de sa vie. 
Elle m'a volé la vedette. Je ne suis plus celle qui pleure, qui crie, qui tape du poing, qui m'interroge, qui interroge, qui change de voie, qui enfreins les règles, qui... Mince. 
Maintenant c'est à moi d'être patiente avec cet être en devenir quand bien même j'aurais envie de la secouer. Mince. Je suis une adulte.

Adulte n.m/f 
Personne parvenue à sa maturité physique, intellectuelle et psychologique.
Le Petit Larousse – 2005

Maturité n.f 
Période de la vie caractérisée par le plein développement physique, affectif et intellectuel.
Le Petit Larousse – 2005
  

Disons que, pour l'aspect physique, je suis une adulte.

Maturité intellectuelle ? Je crois qu'il faudrait préciser les champs de l’intellect ou bien personne ne serait jamais adulte mais, comme j'aime le dire, « pas fini ».

Maturité psychologique ? Comment est-ce que les aspects de mon esprit conscient et inconscient pourraient-ils, un jour, arrivés à maturité ? C'est complètement insensé. Il me semble que le jour de la maturité psychique individuelle n'existe qu'au moment de la mort. Bien sur la science de la psychologie sait établir la « cartographie » des sentiments, des idées et des comportements d'autrui mais, nous l'avons dit, c'est une science et par définition elle ne cesse d'évoluer et de s'enrichir.

Cette définition de l'adulte selon le Larousse me semble bien erronée...

La première fois que je me suis sentie adulte, c'est quand je suis partie en Angleterre alors que personne ne me soutenait : ni mon père, ni ma mère, ni mon boyfriend de l'époque. C'est alors que j'ai dit fuck off à tout le monde, que j'ai pris mes cartes en main et que je suis partie. L'une des plus grande et importante décision de ces quelques dernières années. Après deux ans à l'étranger, quand je suis revenue dans ma ville j'ai de suite sentie le décalage entre moi et mes copines d'avant. Ma vie n'était plus à St Jean de Luz, je n'avais pas d'autre choix que de me remettre en mouvement, espérant que le vent me porte quelque part où je pourrai planter quelques racines.


La deuxième fois que je me suis sentie adulte, c'est ici à Orléans. D'abord, parce que les petits de l'école où je travaille et ceux à qui je donne des cours particuliers, m'appellent madame (ou mademoiselle, quand j'ai de la chance) et attendent de moi que je sache, que je prenne des décisions, que je leur donne une ligne de conduite. C'est à dire qu'ils se référent à moi comme à un grand – à une adulte. D'autre part, même si je m'assume seule financièrement depuis mes 18 ans le poids économique est aujourd'hui d'autant plus flagrant.

C'est dur. C'est dur de se dire que quelque part, l'enfance est finie, je ne la retrouverai plus, je ne m'étais pas rendue compte qu'elle était morte le jour où je suis partie en Angleterre – ce qui, étrangement, correspondait à mes nineteen years old (19) : la fin « théorique » de l'adolescence chez les anglo-saxon !

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