Ma petite sœur a douze ans. C'est elle
maintenant, l'ado chamboulée par le changement, assaillie par les
questions existentielles. C'est elle qui a, devant elle, une
multitude de choix sur que faire de sa vie.
Elle m'a volé la
vedette. Je ne suis plus celle qui pleure, qui crie, qui tape du
poing, qui m'interroge, qui interroge, qui change de voie, qui
enfreins les règles, qui... Mince.
Maintenant c'est à moi d'être
patiente avec cet être en devenir quand bien même
j'aurais envie de la secouer. Mince. Je suis une adulte.
Adulte n.m/f
Personne parvenue à sa
maturité physique, intellectuelle et psychologique.
Le Petit Larousse – 2005
Maturité n.f
Période de la vie
caractérisée par le plein développement physique, affectif et
intellectuel.
Le Petit Larousse – 2005
Disons que, pour l'aspect physique, je
suis une adulte.
Maturité intellectuelle ? Je
crois qu'il faudrait préciser les champs de l’intellect ou bien
personne ne serait jamais adulte mais, comme j'aime le dire, « pas
fini ».
Maturité psychologique ? Comment
est-ce que les aspects de mon esprit conscient et inconscient
pourraient-ils, un jour, arrivés à maturité ? C'est
complètement insensé. Il me semble que le jour de la maturité
psychique individuelle n'existe qu'au moment de la mort. Bien sur la
science de la psychologie sait établir la « cartographie »
des sentiments, des idées et des comportements d'autrui mais, nous
l'avons dit, c'est une science et par définition elle ne cesse
d'évoluer et de s'enrichir.
Cette définition de l'adulte
selon le Larousse me semble bien erronée...
La première fois que je me suis sentie
adulte, c'est quand je suis partie en Angleterre alors que personne
ne me soutenait : ni mon père, ni ma mère, ni mon boyfriend de
l'époque. C'est alors que j'ai dit fuck off à tout le monde, que
j'ai pris mes cartes en main et que je suis partie. L'une des plus
grande et importante décision de ces quelques dernières années. Après deux ans à l'étranger, quand
je suis revenue dans ma ville j'ai de suite sentie le décalage entre
moi et mes copines d'avant. Ma vie n'était plus à St Jean de Luz,
je n'avais pas d'autre choix que de me remettre en mouvement,
espérant que le vent me porte quelque part où je pourrai planter
quelques racines.
La deuxième fois que je me suis sentie
adulte, c'est ici à Orléans. D'abord, parce que les petits de
l'école où je travaille et ceux à qui je donne des cours
particuliers, m'appellent madame (ou mademoiselle, quand j'ai de la
chance) et attendent de moi que je sache, que je prenne des
décisions, que je leur donne une ligne de conduite. C'est à dire
qu'ils se référent à moi comme à un grand – à une adulte.
D'autre part, même si je m'assume seule financièrement depuis mes
18 ans le poids économique est aujourd'hui d'autant plus flagrant.
C'est dur. C'est dur de se dire que
quelque part, l'enfance est finie, je ne la retrouverai plus, je ne
m'étais pas rendue compte qu'elle était morte le jour où je suis
partie en Angleterre – ce qui, étrangement, correspondait à mes
nineteen years old (19) : la fin « théorique » de
l'adolescence chez les anglo-saxon !
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